dimanche 19 juillet 2020

LE PERSONNEL SOIGNANT EST UNE VERITABLE BARRIERE A L'ACCES AUX SOINS COMPLETS D'AVORTEMENT A UVIRA, SUD-KIVU EN RDC, UNE VICTIME DENONCE

Nous utilisons le nom de Jolie pour protéger la victime. Nous vous épargnons le nom de la fille et de la structure

Il est lundi 13 juillet 2020 que mademoiselle Jolie âgée de 26 ans se présente dans notre bureau pour nous parler de ce qui lui est arrivé dans une structure médicale d'Uvira il y a de cela un mois. Elle commence par se présenter et nous prie de lui garantir que son histoire va rester confidentielle mais nous autorise de la partager à condition de garder l'anonymat pour que ce qui lui est arrivé puisse interpeller les et les autres. Après avoir fait une petite présentation et manifester notre empathie, nous lui avons donné notre parole d'honneur de ne rien dire directement et lui avons dit que nous allons partager son histoire dans l'anonymat pour aider les autres filles et décourager ce qui lui ont rendu un mauvais.

Jolie me regarda dans les yeux et laissa couler quelques gouttes de larmes avant de les essuyer. Elle commença son histoire en ces termes: J'étais enceinte de deux mois et demi et je ne voulais pas garder la grossesse pour des raisons personnelles "mes relations fraternelles avec l'auteur de ma grossesse" et surtout que les relations entre nos deux familles ne tenaient plus débout. Je me suis rendu dans une pharmacie de la place à Uvira où j'ai payé 4 cés de cytotec à 10$ et le pharmacien me demanda de mettre 2 comprimés sous la langue et d'en introduire 2 autres dans mon organe génital et de prendre simultanément une bouteille de COCA COLA glacée avec 4 paracetamol comprimé de 500 mg. Arrivée chez moi, j'ai fait ce que le pharmacien m'a recommandé et 3 heures plus tard j'ai commencé à saigner en petite quantité et j'avais des fortes crampes abdominales. Plus les minutes avancées, plus le saignement augmenté de quantité
jusqu'à ce que je sois épuisée et je n'avais plus des forces pour me tenir débout. J'ai crié au secours et une de nos voisines est venue à mon secours et décida de m'amener dans une structure médicale de la place à UVIRA. Arrivées à la structure, nous y avons trouvé deux infirmières qui nous bien accueillies mais après avoir pris connaissance de mon problème, elles ont changé de mine et le discours est devenu tout autre. Elles s'adressaient entre elles et à haute voix en ces termes "Il ne faut pas la toucher avant qu'elle ne nous verse une sommes de 35000 francs congolais, laissons là comme ça et on va alerter le médecin de garde et là elle va payer 50 dollars US." Les deux infirmières m'ont abandonnée pendant une demi-heure et continuaient à intimider ma voisine tout en menaçant de présenter mon cas dans le staff du matin séance tenante devant tout le corps médical, paramédical et les stagiaires. De peurs que mon cas soit porté à la connaissance de tout le monde et surtout que deux parmi les stagiaires étaient les filles de mon quartier, j'ai demandé à la voisine qui m'avait accompagnée de payer pour moi 20000 francs congolais pour que ces infirmières puissent me soigner avant la tombée de la journée. Après avoir empoché l'argent, elles ont décidé de me donner un traitement partiel pour venir le compléter  deux jours plus tard après avoir tout payé. Ainsi fut fait et je suis rentré à la maison avec mes douleurs et mon saignement. 24 heures plus tard, je suis retourné à la structure mais les choses s'étaient déjà compliquées et il fallait l'intervention du médecin. A son arrivée, le médecin a d'abord demandé la somme de 25 dollars pour faire ce qu'il appelait ASPIRATION mais je n'avais que 15$ sur moi, le médecin décida de faire un curetage sans anesthésie tout en me demandant de venir payer les 10$ dans 48heures. Il m'a demandé de rentrer sans aucun traitement pour prévenir une infection. 48 heures plus tard je n'avais toujours pas eu les 10$ et j'avais encore des douleurs et des petits saignements. Arrivée à la structure pour expliquer mes difficultés financières au médecin, à ma grande surprise il me proposa de coucher avec lui en utilisant le condom et que selon lui cela est un bon moyen traditionnel pour faciliter ma guérison et que cela va m'épargner de la stérilité car ne pas le faire je risque de ne plus concevoir toute ma vie. En écoutant la proposition du médecin, mon cœur a failli arrêter de battre et je le regardais tout droit dans les yeux comme si je voulais lui exprimer ma désolation, mais il insista, il enleva ses gants et me demanda de me lever si je ne vais obtempérer. Je me suis levée, j'ai pris mon dessous dans lequel était enroulée ma bande hygiénique souillée et suis partie en sanglotant. Quand j'ai parlé de mon problème à une de deux infirmières qui étaient à la garde le jour où j'étais arrivée pour la première fois, elle enfonçant le clou en disant " Tu n'es pas intelligente, au lieu de t'exécuter pour ton intérêt, tu fais le gros dos, tu le sentira sur ton corps". J'ai gardé mon sang froid et je suis partie voir le pharmacien qui m'avait donné 4 autres comprimés de cytotec, une cure d'antibiotique et le diclofenac suppositoire à prendre pendant une semaine et j'avais recouvré ma santé quelques jours plus tard. C'est dans un groupe de parole des jeunes que j'ai pris connaissance du numéro vert d'une certaine TANTINE MARTHE  qui m'a orientée vers vous pour une bonne méthode contraceptive adapté à ma situation. C'est pourquoi je suis là a t elle conclue.
Le GVP-MASAR/RDC trouve opportun de partager cette histoire de mademoiselle Jolie pour que cela puisse interpeller les uns et les autres.
- Le fait de publier le Protocole de Maputo au journal officiel  et la RDC étant un pays moniste, cela signifie que l'avortement est partiellement dépénalisé en RDC et le cas de Jolie est éligible pour accéder à un avortement sécurisé.
- Le ministère de la santé est ici interpellé pour finaliser l'élaboration et la validation des normes directives pour l'application effective du protocole de Maputo.
- Les recommandations du pharmacien sont erronées et ont mises en danger la vie de Jolie, les organisations de la société civile intervenant dans la thématique sont invitées à multiplier la sensibilisation de ces pharmaciens qui distribuent des médicaments sans en maitriser le protocole pour qu'ils renforcés en capacité dans la prise en charge correcte de l'avortement médical autogéré.
- Les professionnels de la santé toutes compétences confondues, sont invités à ne donner que des soins appropriés aux malades en respectant le code et éthique de la déontologie médicale et les prescrits de leurs ordres respectifs au lieu de se substituer en policier et ou magistrat. Ils sont devenus un véritable obstacle à l'accès aux soins complets d'avortement alors qu'ils savent très bien que l'avortement est la deuxième cause de décès maternel après les hémorragies.
- Coup de chapeau à TANTINE MARTHE qui a bien orienté Jolie et lui donner la force et le courage de nous partager son histoire douloureuse qui va sauver des vies.
  

mercredi 28 février 2018

Elle décide de briser le silence

Agir est un nom que j'utilise pour cacher mon identité car la loi dans mon pays est contraignante et n'autorise pas d'avortement. J'aurai exactement 17 ans en avril 2018 parce que je suis née un certain 10 avril 2001 à Uvira dans la province du sud-kivu en République Démocratique du Congo. Orpheline de père depuis 4 ans, je vis avec sa mère (PVVIH) et mes trois petits frères. Je suis en deuxième année secondaire alors que les filles de mon âge terminent les humanités cette année scolaire 2017-2018. Avec ma mère et mes trois petits frères nous vivons dans un quartier périphérique d'Uvira. Mon père est mort il y a 4 ans et ma mère est terrassée par la maladie. Depuis 2 ans je suis devenue la cheffe de ménage car il faut que je me débrouille pour que nous ayons les moyens à subvenir aux besoins de la famille. Alors que je devrai présenter mes examens de fin d'année scolaire 2016-2017, je me suis retrouvée avec un retard des règles de 6 semaines. Le test de grossesse payée à la pharmacie sans ordonnance a révélé une grossesse dont le présumé auteur était un oncle qui m'aidait de temps en temps avec le petit moyen pour faire vivre ma famille. Mon oncle m'avait forcée de coucher avec lui alors que je lui présentais les préoccupations de ma mère et mes petits frères. Obligée malgré moi de passer à l'acte, deux semaines plus tard je n'avis plus mes règles. Face au viol et à l'inceste, j'ai tenté de provoquer l'avortement seule à la maison avec les médicament indigènes mais sans succès car j'ai saigné à mourir. C'est grâce à une émission à la radio le messager du peuple d'Uvira que j'ai eu le contact du CENTRE MERE-ENFANT POUR LE BIEN ETRE FAMILIAL D'UVIRA. Alors que j'étais déjà rejetée par deux cliniques faute de moyen financier, j'étais reçue dans ce centre et les soins et les conseils m'étaient donnés gratuitement et j'ai bénéficié d'un implanon qui va me protéger d'une éventuelle nouvelle grossesse non désirée. Je décide aujourd'hui de briser le silence pour encourager les autres filles qui sont dans la même situation que moi de ne plus oser à tenter d'avorter clandestinement mais plutôt d'appeler au +243897776321 pour des plus informations . Depuis janvier 2018, j'ai initié une association des filles cheffes de ménages pour lutter contre les grossesses précoces non désirées. Merci à toute l'équipe du Centre MERE-ENFANT pour nous avoir aidée dans les moments les plus difficile.
   

mercredi 12 avril 2017

ENCORE UNE MORT DE TROP A UVIRA DE SUITE DES COMPLICATIONS D'UN AVORTEMENT CLANDESTIN

Elle s'appelle J, célibataire, mère  de deux enfants orpheline de mère et vivait chez sa grande soeur. Elle s'est retrouvée enceinte de son beau-frère et tante d'interrompre la grossesse clandestinement parce que le même beau-frère vivait déjà avec sa soeur qu'il a aussi rendue grosse. Arrivée dans notre centre à Uvira " Centre Mère-Enfant" dans un tableau de péritonite avec septicémie, la pauvre femme n'a pas pu être sauvée. Combien des morts devons nous encore enregistrer pour que la loi sur les avortements puisse être revue? Beaucoup de cas similaires sont enregistrés dans le milieu reculé, enclavé et inaccessible sans être rapportés. Laisser des milliers des femmes et filles continuer de mourir avec de telles complications est une injustice sociale. Unissons nous pour changer cette loi contraignante sur l'avortement.

NONDHO O. Jess-Alfred
Coordinateur GVP-MASAR/RDC

mercredi 4 mai 2016

PAGE NOIRE . L'UNAAC/SCOSAF UVIRA en deuil. La sage-femme ZETHI ZAMDA n'est plus

 

ZETHI ZAMDA est née à BUKAVU le 20 octobre 1974. Fille de KITABE et de MASTAKI Pure-chérie, ZAMDA a fait ses études primaires à l'école primaire de Kasenga à Uvira, ses études secondaires à l'Institut ZAWADI YA RAISI où elle obtient son diplôme d'Etat en 1997 en section pédagogique. Seule devant sa conscience elle décide de continuer avec ses études supérieures à l'ISTM/BUKAVU où elle décrocha son Diplôme de graduat en qualité d'Infirmière-Accoucheuse (SAGE-FEMME) en 2001. De 2004 jusqu'à sa mort elle était Sage-femme Cheffe au Centre de santé de Référence KABINDULA communément appelé MATUMAINI KIMBANGU. Très calme, la brave sage-femme parlait peu et collaborait étroitement avec toute l'équipe. Membre influente de l'UNAAC/UVIRA, ZAMDA était aussi membre du comité exécutif et le jour de sa mort elle était chargée de logistique au sein du comité organisateur de la semaine de l'UNAAC/UVIRA du 30 avril au 05.05.2016. Elle a tiré sa révérence le lundi 02.05.2016 à 21H de suite d'une très courte maladie. Elle nous laisse un veuf et trois enfants.
Que la terre de nos ancêtres lui soit douce et légère.  
Article de  NYOMBE DUNIA Nelly

jeudi 14 avril 2016

ASSISTER LES FEMMES EN SITUATION DE PRÉCARITÉ EST UNE DES PRIORITÉS DE ADSF AU SUD-KIVU EN RDC




La guerre et la prolifération des groupes armés ont conduit beaucoup de familles dans la précarité sans nom. Beaucoup de filles ont abandonné leurs études et la majorité a fait un exode rural pour tenter sa vie dans le milieu urbain sans aucun espoir si pas se livrer à la débauche. Pour aider la population déplacée de Sange dans la plaine de la RUZIZI, le GVP-MASAR/RDC avec un appui financier de ADSF a procédé à la distribution des vivres et non vivres à 50 familles qui vit dans la promiscuité depuis qu'elles ont fuit les atrocités des villages de MUTARULE. Trois volontaires ont fait le déplacement ce mardi 12 avril 2016 pour cette activité 

dimanche 21 février 2016

LE 06 MARS, LA FETE DE MERE, PARRAINER UN ACCOUCHEMENT AVEC SEULEMENT 20$


Le don d'une vie pour la Fête des Mères

 


 Dimanche 6 Mars est la fête des mères, pour le don ultime alternative pourquoi ne pas parrainer un accouchement  sans risque pour une mère à Uvira avec notre certificat de naissance de reconnaissance?

Nous vous enverrons votre bien-aimé un certificat personnalisé avec votre message et vous aurez contribué à sauver la vie d'une mère et son bébé à Uvira. Il en coûte seulement 20$ pour un certificat de naissance sécuritaire, nous publierons votre nom sur notre blogspot comme partenaire de notre initiative. Visitez notre blogspot http://maternitesansrisquesrdc.blogspot.com/ maintenant!  

Pour parrainer un accouchement, envoyez vos dons sur le compte

« GVPMASAR asbl, N° BI 03207012213530,SWIFT : BCRBBIBI Ouvert à la BANQUE DE CREDIT DE BUJUMBURA, Avenue Emery Patrice LUMUMBA, BUJUMBURA, BI

mercredi 27 janvier 2016

UN SERMENT POUR LA PREVENTION ET LA PRISE EN CHARGE DES HEMORRAGIES DU POST-PARTUM


























NYOMBE DUNIA Nelly est une jeune Sage-femme volontaire du GVP-MASAR/RDC. Elle est une nouvelle championne AMS/ABR (Aider les Mères à Survivre et Aider les Bébés à Respirer). Elle est en même temps la sage-femme qui supervise la formation des nouveaux mentors cliniques de ce programme AMS/ABR dans l’aire de santé de NYAMIANDA dans la zone de santé d’Uvira. Pour faciliter son apprentissage, cette jeune sage-femme vient de publier ce qu’elle appelle le SERMENT DE LA MATERNITE SANS RISQUES qui aide les mentors cliniques de bien comprendre étape par étape les actions à mener pour une bonne GATPA. Ce serment est affiché dans les différentes maternités de l’aire de santé de NYAMIANDA et les accoucheuses sont invitées à le réciter chaque matin avant de commencer le service. Cela permet aux accoucheuses de garder en tête chronologiquement les gestes à poser pour prévenir et prendre en charge les hémorragies du post-partum et l’asphyxie du nouveau-né"

 
SERMENT DE LA MATERNITE SANS RISQUE
 
Je promets sur l’honneur d’utiliser loyalement les compétences que j’ai acquises dans le domaine de la maternité sans risque.

Je promets de bien préparer ma salle d’accouchement, d’identifier une aide et mettre en place mon plan d’urgence pour tout accouchement

Je promets d’accorder la plus grande importance au partographe afin d’éviter la prolongation du travail,  l’hémorragie du post-partum et l’infection.

Je m’engage, à tous les stades du travail, à utiliser mes compétences pour pratiquer la prise en charge active du troisième stade de l'accouchement. Je me souviendrais chaque fois de

-     Sécher minutieusement le nouveau-né

-     Changer des linges pour le garder au chaud ;

-     Garder le nouveau-né corps à corps avec sa mère ;
 
- Vérifier s’il n’y a pas un second bébé ;

-     Administrer 10 UI d’ocytocine ou 600 mcg de misoprostole dans la minute qui suit l’accouchement ;

-     Enlever les gants de dessus avant de clamper et de couper le cordon ;

-     Couper le cordon 1 à 3 minutes après la sortie du nouveau-né ;

-     Effectuer une traction contrôlée du cordon pendant les contractions ;

-     Attraper le placenta avec mes deux mains pour bien le délivrer ;

-     Vérifier la tonicité utérine ;

-     Contrôler s’il n’y a pas déchirures ;

-     Inspecter le placenta s’il est complet ;

-     Encourager l’allaitement maternel ;

-     Surveiller le saignement toutes les 15 minutes pendant les 2 premières heures ;

-      Vérifier les signes vitaux

Je promets que je vais améliorer ma technique de la réanimation des nouveau-nés dans la minute d’or et de bien faire la compression bimanuelle de l’utérus pour arrêter les hémorragies excessives, afin de réduire la maternité maternelle, néonatale et infantile autour moi pour une mère et un bébé en bonne santé et aussi un mari heureux, que le bon Dieu me vienne en aide.

                                

                                                 NYOMBE DUNIA Nelly

                                                 SAGE-FEMME VOLONTAIRE

                                                     (GVP-MASAR/RDC)

                                                 Uvira, sud-kivu, RDC